Avignonet Lauragais 31290
Depuis le Moyen-Age, Avignonet est le cadre d’un culte à la Vierge Marie célébrée chaque année au mois de juin.
La source écrite de cette dévotion est officialisée dans la bulle du Pape Paul III, du 4 janvier 1537.
Il y est écrit que sera accordée une indulgence plénière aux fidèles qui prieront dans l’église d’Avignonet, le 1er mardi du mois de juin.
Ainsi, le Pape prenait acte d’une tradition locale selon laquelle 11 inquisiteurs, avec à leur tête un franciscain et un dominicain, furent massacrés dans l’église dans la nuit du 28 mai 1242, par des cathares venus de Montségur.
Cette tradition ajoute que l’église, souillée par le sang des inquisiteurs fut fermée pendant 40 ans en expiation et pour punir les Avignonétains de leur complicité.
A la réouverture de l’église, les cloches se mirent à sonner d’elles-mêmes tout le jour et toute la nuit.
On trouva également devant le porche de l’église une statue de la Vierge Marie.
C’est en témoignage de ce miracle que les Avignonétains choisirent la Vierge Marie pour patronne et qu’ils instituèrent la Confrérie de Notre Dame des Miracles
Historiquement, il est peu probable que les inquisiteurs aient été tués dans l’église. Les témoignages de l’époque rapportent qu’ils furent massacrés dans le château que possédait le Comte de Toulouse à Avignonet et où vivait son bailli, Raimond d’Alfaro.
Une relation était donc établie entre le massacre des inquisiteurs et la dévotion à la Vierge, qui était déjà vénérée à Avignonet, avant le Moyen-Age, sous le vocable de Notre Dame de Gaulège, « Notre Dame la Belle », nom de la 1ère église d’Avignonet.
Le peuple de Dieu est un peuple qui marche. Depuis Abraham, nous allons à la Terre Promise.
La vie, l’histoire, autant de longues marches, où au bout Dieu nous attend, où Il marche avec nous sur la route.
Le pèlerinage est le signe concret de cette Eglise en marche.
A Avignonet, on vient de tout le Lauragais et au-delà : c’est un rassemblement, un rendez-vous d’étape, dans la « longue marche ». On vient de loin pour aller plus loin. Aussi, quand la nuit tombera, on fera des sillons de lumière dans les rues du village. Un « candélous » à la main, signe de notre fidélité, est une lumière modeste. Pourtant, elle invite à une fête de lumière.
Mais au fait, qui appelle au pèlerinage ? Et bien, c’est Marie. Elle invite, elle attire.
Marie met le peuple de Dieu en marche. Elle fait courir du monde. Nous venons, parfois sans but précis, mais parce que c’est Marie, et que nous sommes bien chez elle, nous aimons ce pèlerinage marial.
Notre Dame des Miracles, autrefois appelée Notre Dame la Belle n’est-elle pas au milieu de nous, le reflet le plus réussi de la Beauté de Dieu ?
Le voeu est une prière. En même temps qu’un remerciement (action de grâce), il est une preuve de fidélité à Notre-Dame nourrie d’un nouvel espoir. Le voeu traduit aussi l’envie de crier à Dieu qu’on Lui est « dévoué », qu’on Lui est attaché. Le voeu nous lie. Le voeu vient du coeur profond. Mais en même temps, il s’exprime dans une parole, un acte, une promesse. A Avignonet, depuis la porte du fond de l’église, nous nous mettons à genoux, nous marchons à genoux et, cierge à la main, nous allons jusqu’au sanctuaire où se trouve la statue de Marie, que nous avons portée dans les rues du village. Qui nous regarde pourrait trouver cela étrange, mais qu’il fasse comme nous : qu’il se mette à genoux et avance. Cela ne s’explique pas, cela se vit et depuis 1282 !
Tout au long du pèlerinage, c’est à dire du 1er mardi de juin jusqu’à la fin du mois, il nous est donné la possibilité de recevoir le sacrement de réconciliation. Pèlerinage et confession personnelle vont bien ensemble : il ne faut pas manquer l’occasion.
Depuis le Moyen-Age, existe une confrérie de Notre Dame des Miracles. On peut, au cours du pèlerinage s’y inscrire. Cette démarche nous fait entrer dans une grande fraternité : par ce geste tout simple, nous disons que nous avons besoin des prières des autres pèlerins et nous leur offrons les nôtres. Nous concrétisons la communion des saints. Nous sommes membres les uns des autres, dans un grand corps dont le Christ est la tête : c’est toute une vie qui circule, et Marie y a une place de choix.
Le pèlerinage n’est-il qu’un éclair dans la grisaille du quotidien ? C’est à chacun de s’interroger. Ravivée un jour, l’amitié de Dieu peut éclairer toute une année. C’est comme dans les familles : on se retrouve pour les grandes occasions mais il faut ensuite garder le contact. C’est souvent la Mère qui y veille. Heure d’exception, le pèlerinage nous renvoie aux heures plus ordinaires de nos communautés paroissiales et de nos messes dominicales. La fête de Dieu retrouvé illumine la longue suite des jours. Il faudra raviver la flamme ...
Ce que vous venez de lire a été écrit par le Père Guy Chautard, dans les années 1980, à l’occasion de la rédaction d’une brochure sur Avignonet et le sanctuaire de Notre-Dame des Miracles. Si vous souhaitez lire l’intégralité de son texte, vous pouvez vous procurer la brochure dans l’église d’Avignonet.