Jacob aperçut, dans une vision, une échelle dont la partie inférieure reposait sur la terre et dont le sommet touchait le ciel ;
sur cette échelle montaient et descendaient des Anges. (cf. Genèse XXVIII, 12). Cette vision de Jacob se réalise continuellement pour notre âme.
"D'abord, les Anges offrent à Dieu nos aumônes et nos bonnes œuvres ; ils recueillent jusqu'à nos désirs ; ils font valoir devant Dieu jusqu'à nos pensées. Surtout, qui pourrait assez exprimer combien abondante est leur joie quand ils peuvent présenter à Dieu ou les larmes d'un pénitent, ou les travaux, soufferts pour l'amour de Lui, en humilité et en patience ? Quant aux larmes de la pénitence, que puis-je dire de l'estime qu'ils font d'un si beau présent à offrir à Dieu ?... Ils aiment aussi à lui présenter nos souffrances. Vous qui vivez dans les afflictions ou qui languissez dans les maladies, si vous souffrez vos maux avec patience, en bénissant la main qui vous frappe, quoique vous soyez peut-être le rebut du monde, réjouissez-vous en Notre-Seigneur de ce que vous avez un Ange qui tient compte de vos travaux. Ils regardent avec respect nos blessures comme de sacrés caractères qui nous rendent semblables à un Dieu souffrant" (Bossuet).
Les Anges offrent aussi à Dieu nos prières : "Encore que les oraisons soient d'une telle nature qu'elles s'élèvent tout droit au ciel, ainsi qu'un encens agréable que le feu de l'amour divin fait monter en haut, néanmoins le poids de ce corps mortel leur apporte beaucoup de retardement... Quand nous offrons à Dieu nos prières, quelle peine d'élever à lui nos esprits : au milieu de quelles tempêtes formons-nous nos voeux ! Combien de vaines imaginations, combien de pensées vagues et désordonnées, combien de soins temporels qui jettent continuellement à la traverse pour en interrompre le cours ! Etant donc ainsi empêchées, croyons-nous qu'elles puissent s'élancer au ciel, et que cette prière faible et languissante qui, parmi tant d'embarras qui l'arrêtent, à peine a pu sortir de nos cœurs, ait la force de percer les nues et de pénétrer jusqu'au haut des cieux ? Qui pourrait le croire ? Sans doute, elles retomberaient de leur propre poids, si la bonté de Dieu n'y avait pourvu. Je sais bien que Jésus-Christ, au nom duquel nous les présentons, les fait accepter, mais il a envoyé un Ange que Tertullien appelle l'Ange d'oraison : c'est pourquoi Raphaël disait à Tobie : "J'ai offert ta prière au Seigneur".
abbé M.-A. RENAUD, Desclée de Brouwer.
Extrait de la revue "L'Ange Gardien", revue bimestrielle, janvier/février 2000